Reconstruire la gauche pour les élections locales

Au lendemain des élections européennes de mai 2019 qui ont placé les principales forces réactionnaires du pays en tête, plusieurs enseignements doivent être tirés. Premièrement, il n’aura échappé à personne que les conditions de déroulement des campagnes politiques continuent à se dégrader de manière inquiétante ; qu’il s’agisse de l’inégalité désormais assumée du temps de parole donné aux partis par les média, mêmes publics, qui demeurent libres de sélectionner les candidats selon leurs propres critères ou des sondages qui prétendent sceller l’issue du scrutin avant qu’il n’ait eu lieu alors que, une fois encore, leurs prédictions étaient largement erronées, les rouages de la démocratie se grippent au plus grand bénéfice de ceux qui sont déjà les mieux représentés et les plus entendus.

Deuxièmement, et malgré les apparences, les résultats des urnes ne démontrent pas une sollicitation unanime des français.es pour le RN ou LaREM. Quoiqu’on en dise, l’abstention reste massive avec 49,88% d’électeurs muets et l’éclatement de la gauche disperse les voix des 7 millions d’électeurs qui ont voté pour une liste de progrès social ou écologique. La question qui se pose maintenant, aux écologistes, communistes, socialistes convaincus, insoumis etc, est la réunion de ces différentes familles. Dans une gauche ou personne n’est hégémonique, il est urgent de se reparler pour unir nos forces et nos intelligences. Si nous voulons échapper au duel programmé des « progressistes » et « nationalistes » aux prochaines élections locales de 2020 et 2021, il faudra que la gauche retrouve ses couleurs et porte autre chose que des projets de division.

Les conditions du rassemblement devront permettent aux différents partis, courants de pensée, philosophies de s’unir sans renoncer à ce qu’ils sont, sans devoir s’effacer devant ou césar, ou tribun. Le grand défi auquel nous devrons tous nous astreindre sera finalement de hisser la cuisine politicienne, inhérente à toute préparation de scrutin, à la hauteur des perspectives d’avenir que nous désirons tracer pour le plus grand nombre. Il faudra, en somme, que la gauche applique ses principes pour elle-même ; qu’elle fasse preuve d’ouverture, d’ingéniosité, de respect et de compréhension pour bâtir de manière démocratique et représentative, les bases d’un véritable programme commun.