Journée nationale de commémoration de la résistance à Couëron

  • Pierre Camus-Lutz et Michel Lucas devant le monument aux morts de la ville de Couëron
    Pierre Camus-Lutz et Michel Lucas devant le monument aux morts de la ville de Couëron

Mesdames, messieurs,

Depuis 5ans maintenant, la journée du 27 Mai est consacrée à la mémoire de la Résistance. La loi du 19 Juillet 2013, adoptée aussi bien à l’Assemblée Nationale qu’au Sénat, grave de manière indélébile, dans notre calendrier républicain, cette période à la fois douloureuse et héroïque de notre histoire.

La date du 27 Mai est excessivement symbolique. Elle commémore la première réunion du Conseil National de la Résistance qui se déroule en 1943 dans un Paris occupé par l’Allemagne Nazie. Cette réunion, présidée par Jean Moulin, réussi l’exploit de réunir les différents mouvements de résistances qui avaient débutés, dès 1940, sous la dynamique des militants communistes passés dans la clandestinité et de tous les français refusant la capitulation et la collaboration du régime de Vichy.

En alliant « la rose et le réséda », le CNR parvient à organiser et coordonner la diversité de ce qu’est alors la Résistance en France : gaullistes, communistes, socialistes, des citoyens de philosophies ou de croyances différentes, des syndicalistes et membres d’associations ; de telle sorte que pour Robert Chambeiron (compagnon de Jean Moulin) « avant le 27 Mai, il avait des résistances en France ; après, il y a La Résistance ». Résistance qui va s’illustrer dans ses actions de sabotage, de renseignement, d’aide aux prisonniers et aux populations tyrannisées, entravant de manière significative les actions de l’ennemi et facilitant d’autant la libération de la France.

Le 27 Mai, c’est cet esprit que nous commémorons ; cette capacité qu’ont eu, des milliers d’hommes et de femmes, de se lever au dépend de leur propre vie, pour lutter contre la plus grande des barbaries et ses projets racistes, xénophobes et meurtriers. Le 27 Mai est un point de repère pour se souvenir de tous ceux qui ont lutté pour un avenir meilleur ; nous ne pouvons oublier les grands noms comme ceux de Guy Moquet, Missak Manouchian, ou Martha Desrumeaux, ni ceux des couëronnais, d’ailleurs, qui ont payé de leur vie, leur engagement :

  • Pierre Taillandier et son fils Lucien, arrêté le 1er avril 1944,
  • Léon Moinard,
  • Jean Niecierewicz (Nissirévitche)
  • Pierre, Emilie et leurs fils Paul Lemarié,
  • Les époux Riou,

Etre fidèle à la Résistance et au courage sans limite de ses héros, c’est ne pas oublier les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité qui sont issues de notre histoire, c’est être capable, plus de 70 ans après l’armistice, de réussir encore et toujours à nous unir contre l’injustice et la monstruosité du fascisme. Être fidèle à la Résistance, c’est surtout de continuer d’avoir le courage politique de défendre les avancées sociales, économiques et politiques majeures, adoptées par le CNR :

  • La citoyenneté des Femmes
  • La Sécurité sociale,
  • La généralisation des retraites,
  • du droit à l’éducation et à la culture pour tous.
  • La nationalisation des entreprises qui avaient collaboré

Ces différents acquis sociaux, qui font partie intégrante de nos vies, ne sont malheureusement pas éternels. Dans une France et une Europe en proies aux velléités du capitalisme et de ses serviteurs, notre modèle social, notre bien commun est attaqué de toute part. Qu’elles soient motivées par des considérations économiques ou racistes, les forces obscurantistes sont toujours à l’œuvre.

Dans cette période où renaissent les fractures d’antan, nous ferions bien de nous rappeler les enseignements que les membres du CNR nous ont laissé ; que l’obscurantisme ne prend ses racines que dans la misère et que le progressisme n’en est que le remède le plus efficace ; la paix, en France et Europe, se fera par l’amélioration des conditions de vie de ses habitants ou ne se fera pas. Il nous faut d’urgence réinscrire sur les agendas politiques et citoyens des projets ambitieux pour lutter contre la généralisation de la précarité et proposer des perspectives d’avenir pour tous.

En sommes, la date du 27 Mai nous rappelle que la résistance n’est pas simplement un mot, ou un concept réservé à nos livres d’histoire, mais bien une posture, plus que jamais nécessaire, pour préserver la paix et la solidarité, et faire advenir, enfin, « les jours heureux ».

Vive l’Europe des peuples,

Vive la République sociale,

Vive la France.

Lien Ouest-France